Les niveaux de transition
Crétacé-Tertiaire sont aussi visibles au
lieu-dit La Galante (commune de Meyreuil
, 6 kilomètres au sud-est
d'Aix-en-Provence) dans le talus de
l'autoroute A. 8. On distingue, dans la
partie médiane de la coupe, une première
corniche rocheuse formée par le
conglomérat de La Galante. Ce dernier
est surmonté de marnes rouges. Le
Calcaire de Vitrolles forme le sommet de
la coupe. A quelques kilomètres à l'est
de ce site ( commune de
Châteauneuf-le-Rouge ) , des fragments
de coquilles d'oeufs de Dinosaures (
Megaloolithus mamillare ) ont été
retrouvés dans des niveaux immédiatement
sous-jacents à la formation dite "
Poundingue de La Galante " associés à
des fragments de coquilles d'oeufs
d'affinités ratites . Dans le même
secteur Megaloolithus mamillare
est aussi présent dans les marnes rouges
sus-jacentes au " Poudingue de La
Galante ".
Point de prise de
vue : x : 0858,098 et y : 1838,295 , Aix
: 1 25 000 )

Les
travaux classiques ( Lapparent , 1957 ;
Dughi et Sirugue , 1957 , 1976 )
situaient les derniers niveaux à œufs de
Dinosaures à environ 20 mètres sous la
formation conglomératique de la Galante
, dans des marnes rouges immédiatement
sous-jacentes , dans la partie centrale
du bassin ( région de
Châteauneuf-le-Rouge et Rousset-sur-Aarc
) à des lentilles de calcaire lacustre
de puissance décimétrique. Par la suite
les derniers niveaux à œufs et ossements
de dinosauriens immédiatement sous le
Poudingue de La Galante ( gisements des
régions de Châteauneuf-le-Rouge ,
Rousset-sur-Arc et Puyloubier (
Bouches-du-Rhône ) ( Kerourio , 1982 ;
Durand et alii , 1984 ).Des
fragments de coquille remaniés étaient
attestés dans des niveaux de grès interstratifiés dans le poudingue
(Durand et alii , 1984 p.17 ) ,
ainsi que dans les formations bréchiques
attribuées au Dano-Montien de la bordure
nord du bassin (Montagne
Sainte-Victoire ) ( Touraine , 1973 ,
p.42 ).Nos propres investigations nous
ont permis de localiser des œufs entiers
in situ (Megaloolithus
mamillare ) dans des niveaux de grès
argileux situés à une vingtaine de
mètres au dessus du Poudingue de La
Galante ( gisement situé sur la commune
de Puyloubier , non loin de l'auberge de
Saint-Ser , Bouches-du-Rhône ).Les œufs
fossiles sont rares dans ces niveaux ,
mais représentés par des sections d'œufs
entiers ( ce qui exclut tout remaniement
syn - sédimentaire ) et de très rares
fragments de coquilles isolés. Les mêmes
niveaux ont fourni , dans des gisements
distants de quelques kilomètres , des
fragments de coquilles d'œufs
d'affinités ratites .Sur la base de
cette découverte ( basée sur le postulat
assurément discutable d'une appartenance
dinosaurienne des œufs de l'oogenre
Megaloolithus ) les niveaux
d'extinction des Dinosaures semblent
plutôt devoir être recherchés dans les
niveaux sus-jacents au conglomérat de La
Galante et considérés jusqu'alors comme
d'âge Eocène.
L'analyse
des faunes malacologiques ( Fabre-Taxy ,
1959 ) et l'étude des ostracodes (Babinot
, 1980 ) , des characées et des
clavatoracées ( Grambast , 1971 ,
Feist-Castel , 1975 ) situent la limite
du Crétacé -Tertiaire quelque part dans
la partie terminale des argilites du
Rognacien , ou même à la base du
Calcaire de Vitrolles ( Babinot , 1980 ,
tabl.XLVI ).Sur la base d'analyses
magnéto- stratigraphiques des sédiments
, les niveaux sus-jacents au calcaire de
Rognac ont été attribués au Paléocène
par Erben et alii ( 1983 ) .Cette
thèse est contestée par Plaziat ( 1984
).La position stratigraphique des
derniers niveaux d'œufs fossiles dans le
bassin d'Aix laisse supposer la
possibililité d'une survivance de
quelques espèces dinosauriennes dans les
premières assises du Paléocène .Cette
théorie est plausible mais reste à
confirmer tant sur le plan
paléontologique que sur celui de la
stratigraphie.
Par
ailleurs en l'état actuel des
connaissances l'étude des œufs fossiles
du Crétacé supérieur du bassin d'Aix et
des régions limitrophes ne fournit aucun
élément d'explication relatif à
l'extinction des Dinosaures .Toutes les
manifestations pathologiques affectant
les coquilles d'œufs et attestées dans
le Bégudo-Rognacien se caractérisent par
une égale répartition stratigraphique
sur toute la durée du Maastrichtien et
demeurent statistiquement dépourvues de
toute signification ( Kerourio , 1982 ;
Penner 1983 , 1985 ; Vianey-Liaud et
alii , 1994 ).La probabilité d'une
extinction progressive et échelonnée des
dinosauriens du bassin d'Aix-en-Provence
est en accord avec les données issues de
l'analyse sédimentologique ( Sittler ,
1965 ; Sittler et Millot , 1964 ). Aucun
hiatus sédimentologique , indice d'une
modification climatique notable , n'est
apparent dans la succession régulière
des sols continentaux rouges depuis le
Bégudien ( Campanien ) jusqu'au
Sparnacien ( Eocène ) ( Sittler , 1965
).
La
distribution stratigraphique des types
d'œufs fossiles dans le bassin d'Aix
suggère comme une évidence une très
grande diversité dans la faune
dinosaurienne de la région durant le
Bégudien et le Rognacien inférieur ( au
moins cinq types d'œufs distincts dans
le Bégudien et au moins treize types (ootypes décrits par Vianey-Liaud et
alii , 1994 , inclus ) dans le
Rognacien inférieur ) et un
appauvrissement ( ? ) de la faune
reptilienne à partir du Rognacien
supérieur ( deux, probablement trois
types d'œufs distincts dans le Rognacien
moyen et probablement deux dans le
Rognacien supérieur ).Il faut aussi
noter l'absence totale d'œufs ou de
débris d'œufs dans le Rognacien
supérieur de certaines secteurs , comme
la région de Vitrolles- Rognac (
Bouches-du-Rhône ) ( Chatelet , 1972 ,
1974 ).Ces appréciations relatives à la
distribution stratigraphique des oeufs
fossiles provençaux doivent être
nuancées et appréciées avec la plus
grande prudence pour diverses raisons :
- la tectogenèse particulièrement active
dans les niveaux terminaux du Crétacé a
pu entraîner une érosion accélérée de la
partie superficielle des sols dans
lesquels les pontes étaient enterrées et
, de ce fait , une disparition de ces
dernières , - les aires de pontes de
certaines espèces ont pu se déplacer
dans l'espace à la suite de
modifications écologiques locales sans
que pour cela l'espèce concernée se soit
réellement éteinte. L'absence de
certains ootypes dans les sédiments du
bassin d'Aix ne signifiant alors
nullement leur inexistence. Deux
certitudes seulement semblent se dégager
de l'étude des gisements d'œufs fossiles
du Crétacé terminal du bassin d'Aix et
de l'ensemble du Midi méditerranéen : 1
- l'existence d'une faune reptilienne
taxonomiquement diversifiée et
numériquement importante comme l'atteste
la forte densité des pontes dans les
gisements des parties centrales et
orientales des régions étudiées ( région
de Châteauneuf-Le-Rouge , de
Rousset-sur-Arc, de Puyloubier et de
Beaurecueil ), 2 - La probabilité ( qui
reste à confirmer par une étude des
restes osseux ) de variations fauniques
locales , et peut-être de plus grande
ampleur ,à différents niveaux du Crétacé
terminal.Les gisements d'œufs provençaux
ne permettant ni de prouver ni d'évaluer
l'ampleur , ni même la réalité , de ces
phénomènes .
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