En Provence la
première mention de la présence de grands ossements
fossiles remonte à 1842. Cette année là M. Doublier
signalait la présence d'ossements de grandes dimensions
appartenant à un "saurien gigantesque" et découverts dans
les terrains " tertiaires " des environs de Fox-Amphoux ( Var ). Les fossiles étaient simplement
mentionnés , mais aucune description n'en fut
réalisée.
C'est au géologue
provençal Philippe Matheron que l'on doit la première
mention d'oeufs fossilisés attribuables à des
dinosauriens dans le Crétacé supérieur de la
Basse-Provence. Lorsqu'il entreprit ses longs travaux
sur les dépôts fluvio-lacustres du bassin
d'Aix-en-Provence , dont il devait démontrer que la
partie supérieure appartenait à l'Eocène ( Tertiaire
inférieur ) et la partie inférieure au Crétacé terminal
, il accorda une grande attention aux reptiles fossiles,
dont la présence dans ces terrains était connue depuis
le début du XIXe siècle.
En 1869 il
décrivit les fragments osseux d'un grand Dinosaure
sauropode , Hypselosaurus priscus , ainsi que
ceux d'un Ornithopode primitif , Rhabdodon priscus
, provenant de la base de son étage Rognacien
(ainsi nommé en réfenrence au village de Rognac , situé
sur les rives de l' Etang de Berre (
Bouches-du-Rhône)).C'est à propos des fragments osseux
d'Hypselosaure que Matheron donne les premières
indications sur les oeufs fossiles conservés dans les
sédiments crétacés de Provence et dont il avait
trouvé des fragments de coquilles dès 1846 : " ...
avec les fragments osseux dont je
viens de parler , se trouvaient deux grands segments de
sphère ou d'ellipsoide , à l'examen desquels plusieurs
paléontologistes ont souvent exercé leur patience .Tout
bien considéré il paraîtrait que ce sont des fragments
d'oeufs .Ces oeufs étaient encore plus gros que ceux que
Geoffroy Saint-Hilaire attribue à Aepyornis (
N.D.L.A : Matheron fait erreur sur ce point ).
Les deux fragments dont il s'agit
représentent-ils les vestiges de deux oeufs d'oiseaux
gigantesques ou sont-ils les restes de d'oeufs d'Hypselosaure.
Telle est la question qui reste à résoudre ".
Matheron ne devait plus rien publier sur ce sujet , mais
il ouvrait un champ d'investigations et un débat qui
sont encore loins d'être complètement résolus .
En 1876 Paul Gervais (
1816- 1879 ) rendit visite à Matheron . Il fut le
premier a avoir l'idée de pratiquer des coupes
histologiques dans les fragments de coquilles. "Ayant
eu l'automne dernier ces coquilles d'oeufs
énigmatiques dans la riche collection réunie à
Marseille par M. Matheron , j'ai eu l'idée de faire
l'examen microscopique de leur structure espérant
arriver à résoudre par cet examen la question , restée
jusqu'ici sans réponse de leur véritable origine ,
et j'ai prié Monsieur Matheron de m'en fournir les
moyens , ce à quoi il s'est prêté avec une bonne grâce
dont je ne saurais trop le remercier " ( Gervais
, 1877 ). Gervais eu l'heureuse idée de comparer les
lames minces obtenues avec des fragments de coquilles
d'oeufs d'oiseaux , de crocodiles , de tortues et de
gecko . Il publia les résultats de ses, observations et
de ses comparaisons dans une note intitulée " De la
structure des coquilles calcaires des oeufs et des
caractères qu'on peut en tirer " (1877 ). De ses
analyses effectuées en lumière naturelle et en lumière
polarisée , il conclut : " - que
les grands oeufs fossiles dans le terrain de Rognac
n'ont pas appartenu à un oiseau, mais bien à un reptile
de classification indéterminée ayant par la structure de
la coquille de ses oeufs une incontestable analogie avec
ceux de certains Emydo-sauriens ( ... )- Que ce
reptile , si c'était effectivement l'Hypselosaure de
Monsieur Matheron , comme tout porte encore à le faire
supposer, avait , sous ce rapport du moins , plus de
ressemblances avec les chéloniens que n'en avaient fait
supposer les pièces , encore peu nombreuses, que l'on
connaît de son squelette " |